Huit mois ont passé depuis l’écriture des 1ers textes.
Huit mois de douce progression du handicap grignoteur, avec une spasticité qui ne se cache plus pour rigidifier mes jambes. Je ne peux plus faire classe ni conseiller les enseignants dans leur classe.
Marcher est un combat et la médaille s’appelle la fatigue.
Qu’importe.
Je me déplace avec deux bâtons de marche, histoire de me donner des airs de grande randonneuse qui revient d’un périple de marche nordique. Histoire surtout de stabiliser mes pas, d’éviter les grosses gamelles et d’avoir la sensation d’un double étayage. Quatre jambes, c’est mieux que deux.
Je viens de prendre une grande décision, de celles qui relèvent des choix de vie et qui chez moi, ont la régularité d’un métronome réglé sur un rythme décennal : 20 ans, choix d’être maman, 30 ans, choix de changer de métier, 40 ans, choix de divorcer, 50 ans, choix de stopper ma sur-adaptation à mon métier.
Le credo du « marche ou crève », fil conducteur de ma vie, c’est fini. Tant pis pour l’ego et l’âge d’or de mon « Sentiment d’Efficacité Personnelle ». L’heure est au changement de logiciel.
Je ne peux plus marcher normalement, mais je ne veux pas crever. Mon « pas de côté » est celui qui m’amène à frapper à la porte d’un temple inconnu, celui du respect de soi et de son handicap.
Son nom fait un peu peur mais il est, je l’espère, l’antichambre d’un nouveau départ pour un poste adapté : CLM pour Congé Longue Maladie ou pour Clairvoyance Libre et Modeste car le regard, si ouvert soit-il, n’empêche ni les ombres ni les recoins obscurs.
Je commence les longues démarches pour enseigner à domicile. Un nouveau cap à venir.
A défaut de pouvoir les enlever, dorer les flèches qui transpercent mon corps est du ressort de ma liberté individuelle.
Et je compte bien l'utiliser.
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